vendredi 8 février 2013

Adapter les intérêts


Quand je demande ce que fais un ergothérapeute a une personne qui a un premier contact avec la profession, la réponse qui vient en premier – après le classique, ‘’c’est tu les pieds ça?’’ ou le ‘’c’est pas avec les physios ça?’’,  et finalement le très vulgarisé ‘’vous donnez des bébelles pour adapter vous?’’- .....finalement c’est pas la première réponse mais bon une réponse dans laquelle beaucoup de gens trouve un sens commun : on adapte. D’un certain point de vue, c’est vrai si on extrapole la définition d’adaptation. On traite l’humain en se concentrant sur comment il est en tant qu’entité.

Mais , qu’on soit ergo à Kuujjuaq au froid, au Cameroun ou en Haïti au chaud ou dans un établissement de santé du Sud dans une température qu’on peut pas trop qualifier parce que même un amnésique qui se réveille ne saurait dire dans quelle saison on est, on doit dans un nouveau milieu faire preuve d’adaptation. C’est une qualité que l’humain possède et qui a l’occasion peut être atteinte par l’aide d’un ergothérapeute.

Quand je suis arrivé à Kuujjuaq, j’avais ma personnalité et mes intérêts basé sur l’environnement dans lequel je vivais au Sud. Si j’avais maintenu mes routines et intérêts basés sur ce que je vivais au Sud, je serais probablement gelé dans un banc de neige à l’heure qu’il est. C’est pourquoi mes intérêts ont changé dans la manière ou je les met en pratique. C’est sûr que ce que je m’ennuie le plus est le temps passé avec mes proches, ma famille, mes amis, ma blonde mais je les retrouverai bientôt et je sais qu’eux vivent leurs intérêts dans le Sud. Alors, je me dis, allons découvrir ce qu’il y a à faire à Kuujjuaq.

 Contrairement à la croyance populaire, il y a moyen de mettre en pratique ses intérêts à Kuujjuaq! Suffit de chercher un peu et d’accepter de s’adapter à son nouvel environnement. Ça fera qu’on pourra même trouver des activités qu’on

Les activités sociales

Quoi de mieux que de passer du temps avec des gens. C’est possible à Kuujjuaq. Le fait que la communauté soit petite et que les gens se ramassent souvent aux mêmes endroits (le lounge, l’hotel de ville, le forum) crée un environnement convivial ou une sortie avec de nouvelles connaissances et collègues de travail est propice.

Les activités physiques

J’adore le frisbee. Alors moi et Guillaume en avons amené un ici. Le midi, qu’il fasse -40 ou -20, nous sortons dehors et mettons en pratique cet intérêt. Ça nous a d’ailleurs valu une nouvelle définition de ce que font les ergos : ‘’Ah, les ergos, vous vous jouez au Arctic Frisbee’’.

Pour ce qui est de la course. Il est certain qu’il est plus dur de courir dans la neige et que mon père n’est pas là pour que je cours à reculons pendant que lui me suis. Alors, je me dis, pourquoi est-ce que je fais de la course??? En fait, c’est le temps passer avec les gens et le sentiment que je fais du bien à mon corps en améliorant mon endurance. C’est pour ça que je fais ça. Il y a moyen de faire ça à Kuujjuaq, il y en a pour tous les goûts. Ceux qui aime le gym peuvent être servis par ça. Mais pour se remettre en forme, rien de mieux que d’aller se promener dans les paysages nordiques et montagnes de Kuujjuaq. Trop intense! Pas de problème, faisons une gradation d’activité. Au lieu d’aller marcher intensément dans les montagnes, juste le fait de se rendre à pied en stage en une demie-heure aller et retour constitue un bon moyen de garder la forme. Surtout que maintenant moi et Guillaume on a compris le trucs des pelures d’oignon et qu’on arrive pas comme des oignons qu’on a fait suer au stage maintenant.


La cuisine

La cuisine, comme l’a dit la directrice générale lors de notre pot-luck ce midi est le langage international des gens. C’est quelque chose que j’aime bien faire. Au début, je trouvais l’épicerie plate comparativement à une épicerie du Sud. Surtout que l’endroit ou je reste n’est pas pourvu de tous les ustensiles dont j’ai besoin. Mais je me suis demandé encore une fois pourquoi j’aime cuisiner...c’est pour créer quelque chose,  d’ajouter des saveurs et de partir de rien pour finir avec quelque chose qui est bon avec ce qu’on a autour et qui rend le monde content. C’est sûr qu’il y a moins de choix de produit mais, les gens qui travaillent ici et connaisse les rudiments du Nord ont leur moyen de s’adapter à ça :
-       Amener une boite bleue pleine de nourriture (ou d’épices et sauces comme on a fait), oui une grosse boite bleue
-       Demander au propriétaire de l’épicerie de leur commander des produits.; il est ouvert et le fera (il y a une industrie de sushis qui se vendent via Internet à Kuujjuaq)
-       Se présenter à l’épicerie le mercredi (c’est là que les allées sont pleines à cause de la livraison par avion)
-       Échanger, échanger et échanger sur la bouffe à Kuujjuaq parce que finalement, tout le monde vit la même situation (le potluck ce midi m’a bien montré les possibilités de faire de la bonne bouffe : des boulettes aux arachides, du caribou gelé comme dans la tradition Inuit! du seviche, du gateau au fromage maison, des jos louis maison)
-       Se faire inviter par un Inuit à chasser ou à manger (pas encore arrivé,  peut-être faut-il être ici plus longtemps pour recevoir ça)

Alors je résume, amenez vos ustensiles et batteries de cuisine et adaptez-vous à ici en utilisant votre environnement pour vous donner des trucs!

Télévision, lecture et tout

La télévision existe à Kuujjuaq avec tout ce qu’on a besoin mais il faut parfois attendre un peu avant de la recevoir. Une fois qu’on l’a on est bien content pour regarder le hockey. Si on veut regarder des films, on peut aller à l’hotel de ville ou il y a un programme double à chaque semaine! Vous savez, comme quand on allait au ciné-parc quand on était petit et qu’on restait pour les deux films. Aussi, comme l’Internet est trop lent pour regarder des émissions ou des bandes annonces, on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a. J’ai amené quelque film mais encore une fois, comme tout le monde est dans la même situation, on peut en emprunter à des gens au travail. Sinon, on fait de la lecture. Pourquoi pas en Inuktitut? Ça par contre faut être resté plus longtemps

Et s’il manque de quoi à ta vie, bien commande le par Internet, le service de poste est excellent. ET tant qu’à avoir la poste et être à Kuujjuaq, pourquoi pas envoyer une carte postale de là avec une enveloppe faite par ton coloc? Toi qui lis, surveille ta boite aux lettres...

Et il y a plein d’activités qu’il n’y a pas au Sud à faire...à découvrir

Bref, le Nord, il y a des choses à faire et ceux qui sont ici depuis longtemps se sont adaptés et sont heureux. La preuve, ils se retrouvent tous la fin de semaine aux mêmes endroits et tout le monde parle à tout le monde. Peut-être plus dur au début mais au fil du temps, on développe les liens!

Benjamin

1 commentaire:

  1. L'occupation. L'adaptation.

    Bien des gens croient savoir ce qu'on fait.
    Mais profondément, nous saurons les seuls à savoir l'essence de notre métier.
    Toute notre vie.
    Un peu comme les psychologues.
    Qui sait vraiment comment se prennent-ils pour parvenir à aider ?
    C'est un art.
    Et l'ergo c'est un art ...
    L'art d'accompagner profondément les gens dans la reprise de leurs activités.
    Ou de leur en faire découvrir d'autres, à la hauteur de leurs intérêts et capacités.
    Pas de les guérir, pas de les traiter ...
    De les guider.
    C'est comme ça qu'on aide vraiment.
    Apprendre à apprendre.
    Sinon, tout est toujours à recommencer ...
    Par contre, pour cela, il faut de la patience, de l'écoute, du savoir-être.

    Surtout, il ne faut pas vouloir s'attribuer les progrés, les réussites du client.
    Il faut le féliciter, lui, l'encourager à changer sa vie ou à la reprendre.

    Ce n'est pas tous les milieux de travail, toutes les équipes qui permettent cela ...
    Si on le fait ... on va à contre-courant. Et on perd de l'énergie, trop d'énergie ... à expliquer, ré-expliquer que ça ne marche pas.

    Dans les faits, il faut avancer ... atteindre ces foutus objectifs inter fixés (finalement) par l'é-q-u-i-p-e de 'professionnels' (excluant le client car il se sent trop coincé pour en fixer lui-même ... en 15min). On ne lui donne pas le temps d'y penser.
    Comment dessine-t-on son nouvel avenir en 15min ?
    En tout cas, les 'professionnels' eux savent comment faire !

    Merci p'tit gars ;-)
    Pour moi, vous êtes comme mon troisième et quatrième p'tit frère.
    Voilà, j'ai trouvé pourquoi vous étiez 'p'tits' pour moi.
    Mais, en vérité, vous êtes bien grands.
    Tout ça, ça me fait grandir moissi.
    Ça me donne la motivation de continuer d'être comme je suis, de faire ce que je fais.
    Après tout, il faut s'aimer soi-même pour aimer les autres... Maslow me l'a dit une bonne trentaine de fois dans mon Bacc; au moins une fois par cours.

    Un milieu de travail à la hauteur de tes attentes ...
    Qui priorise l'occupation et d'adaptation
    C'est possible.
    Je l'ai trouvé.


    à +
    danielle



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