lundi 18 février 2013

Jeannie et les Walkers


Une entrevue exigeante mentalement plus tard, prenons un peu de temps pour décompresser. La baie de Wakeham s’offre à nous. Profitons de l’exploration qui nous est donnée de ce paysage car une chance d’être dans un village Inuit et de marcher sur la baie gelée ne s’offre pas 2 fois dans une vie.

Sur la baie, mis à part nous et les chiens de traineaux attachés au loin, une fille, ou plutôt une femme. Elle marche en parallèle puis graduellement s’approche vers nous.

Hi! qu’elle dit
Hi!, qu’on répond.

Where are you going? qu’on dit.
I’m going on the other side of the bay then I’m going to stretch across the side of the mountains and go back to the village to meet my friends and pick up mussels with them at 4hrs30, qu’elle dit.

Le raisonnement suivant se fait dans notre tête :

Il est 14hrs ce qui signifie qu’il doit rester environ 2 heures 30 de clarté. On calcule presque 1hrs30 pour se rendre d’un bout à l’autre de la baie. C’est le genre de marche pour lequel on a pas l’impression de bouger à partir d’un certain moment. Comme si on courait sur un tapis roulant et que l’autre rive n’arrivait jamais. Il reste donc 2hrs30 de clarté. Sans compter le reste de la baie à marcher.

Il y a 5,5 km entre Kangiqsujuaq et les montagnes de l'autre côté. Ça se fait bien à  la clarté mais il faut avoir le temps de revenir!


Guillaume de dire : Do you have a flash light?

No. But, I’ll try to go and walk with you. It’s nicer to walk with someone.

Malgré les ''risques'' liés à la noirceur, la baie offre des points de vue intéressants.
Pendant près d’une heure on jase avec cette Métis de père blanc de Québec et de mère Inuit de Salluit. Elle s’appelle Jeannie et a l’air d’avoir mon âge ou d’êtr un peu plus vieille. Elle porte un manteau qu’elle a cousue elle-même. Je connais rien à la mode mais on aurait juré qu’il venait d’un de ces grands magasins dans lesquels ils vendent des manteaux.

Au fil des discussions, on apprend beaucoup sur Jeannie qui met en perspective le fait que beaucoup de jeunes Inuit vivent énormément de stress dans diverses occasions.

Have you ever seen a polar bear?, dit Guillaume.

Chaque soir, Guillaume convainquait son petit compagnon de nous accompagner jusqu'au milieu de la baie. Il l'aurait protégé contre les ours polaires

Yeah, I saw a baby with my fiancee a couple of years ago. But now he is dead. He died in a skidoo accident.

Elle en parle avec un calme exprimant une résilience qui montre sa capacité à se remettre d’évènements intenses.

Do you have some friends in the village?

Oh yeah! But some have moved away, some are not there (elle fait le signe de dring dring avec ses mains sur le bord de sa tête), some are dead from suicides and some accidents. One of my friend got killed while backing his boat near the dock down there a couple of years ago, dit-elle en pointant le quai au loin.

I am a firefighter and a first respondant in Salluit.

What made you go into this job? que je lui demande.

I was a firefighter first, there are about 2 fires every year in Salluit. Then, a couple of years later, my baby started to have seizures. He was shaking on the floor and getting blue and I didn’t know what to do so I decided that next time it happens, I want to know what to do.

You have how many kids?

I have 2. One is 7 and the other is 4. Inuit start early, qu’elle dit en riant.

Tout au long de la discussion avec Jeannie, je me rends compte que bien qu’elle a vécu beaucoup de chose pour son jeune âge, ou comme le dirait mon père en parlant de Jean Lapointe, lui il c’est comme s’il a eu 3 vies dans une vie, elle est heureuse aujourd’hui. Les Inuit s’adaptent au fil des évènements et vivent le moment présent et demain, on ne sait pas ce qui arrivera mais on décidera ce qu’on fera quand on arrivera là. Certes, il y a le deuil mais on se relève et on repart et on mord dans la vie. On vit notre vie au maximum.

Elle a un bon sens de l’humour. Elle nous parle d’ailleurs du surnom que les gens de la région nous on donné et ce, malgré notre courte présence.

When I went walking, I asked the people in the village because there was nobody else on the bay, who are these guys? And they told me, that they are the walkers.

Why do they call us like that? Qu’on lui demande.

I don’t know, I guess it’s because people see you walking all the time.

On se casse pas la tête. C’est simple. C’est drôle. C’est représentatif. C’est parfait!

Voici une photo des fameux Walkers de Kangiqsujuaq
Benjamin

1 commentaire:

  1. Les WALKERS ! !

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    Effectivement .... très simple ...
    Ça dit c'que ça veut dire !
    Vive Les Walkers hahaha

    danielle

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